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Voici quelques articles présentant les résultats de certains de mes travaux académiques, réalisés en Tractographie cérébrale, et focalisés sur les variations normales ou pathologiques du Système Limbique présentées par des patients victimes de Trauma Crânien physique ou psychologique (Syndrome de Stress Post-Traumatique – PTSD ; Depression ; etc…). La complexité des connexions cérébrales ainsi que leur beauté est stupéfiante. Chez certains sujets, on peut même mettre en évidence des réseaux neuronaux supplémentaires et des fonctionnements en parallèle dans le traitement de l’information, rendant leurs « Intuitions » si pertinentes.

Connectomique des recollections douloureuses

Trauma Crânien et Intuition

Le Système Limbique est la structure anatomique de notre cerveau qui définit la part instinctive de notre Etre. Il contrôle les émotions, les souvenirs, les comportements, ceci en étroite relation avec nos sens, en particulier avec l’odorat. Nous avons tous connu un épisode de notre vie ou un souvenir de notre enfance rejaillissait dans notre esprit après avoir senti une odeur qui nous était familière ; c’est la Madeleine de Proust. De plus, lorsque nous sentons certaines odeurs qui nous « envoutent », que ce soit de manière consciente ou non, notre comportement peut être modifié du tout au tout : dans le roman « Le Parfum » de Suskine lorsque Jean-Baptiste Grenouille enivre une foule entière, ou plus proche du réel, lorsque des odeurs subliminales diffusées dans les boulangeries, les Fast Food, et autres adeptes du Neuro-marketing, nous mettent en appétit et nous incitent à acheter. Ce système limbique connecte notre inconscient et notre conscience, en nous donnant accès à des informations que nous ne pourrions connaitre par le simple raisonnement. Il s’agit ici d’intuitions, de fulgurances, de visions, qui surgissent de nulle part (en fait pas tout à fait ; elle surgissent de notre moi profond, de notre vécu, de nos souvenirs, et des informations non conscientes que nous captons tout autour de nous: les sons, les odeurs, les images, etc…), et qui en faisant irruption dans notre esprit peuvent parfois nous déstabiliser.

Mais comment cela fonctionne-t-il ? Il est notoirement inexact d’affirmer que seul 5 à 10% de notre cerveau est utilisé, car nous n’avons que partiellement accès de manière consciente aux taches qu’il effectue, sauf à entrer en état de méditation pleine conscience, état dans lequel nous pouvons prendre conscience de notre corps, de notre respiration, de notre rythme cardiaque, de nos émotions, et de certains processus mentaux comme si nous les observions de l’extérieur. Mais l’énorme majorité des processus intrinsèques nous échappe totalement. Pouvons nous avoir conscience des mécanismes de régulation de notre tension artérielle ? De la production de nos hormones par l’hypophyse ? Des échanges de nutriments au sein de nos intestins ? Du degré de force réactionnelle exercée par nos muscles lorsque nous marchons ou du degré de tension de nos tendons ? Non, bien évidemment. Une telle conscience absolue est-elle d’ailleurs souhaitable ? Probablement pas car nous serions submergés par des flots d’informations peu pertinentes pour les taches que nous souhaitons accomplir, et que nous devrions trier afin de ne conserver que ce qui pourrait nous être utile. C’est pour cela que notre cerveau fonctionne avec des réseaux de traitement de l’information autonomes et parallèles, tel que le système limbique.

Et cela nous ramène à notre interrogation initiale : comment fonctionnent ces intuitions, ces visions, ces fulgurances ? Existe-il d’importantes variations individuelles,  certaines prédispositions anatomiques propres à développer ou non ces intuitions ? Ou une propension particulière du cerveau qui lors de traumatismes physiques ou psychologiques pourrait entrainer l’apparition de symptômes spécifiques ou a contrario de capacités jusque la inconnues ?

Afin de pouvoir tenter de répondre à ces questions, je me suis tout d’abord intéressé à la structure de notre cerveau  (comment nous sommes faits à l’intérieur) ainsi qu’aux processus d’échanges d’informations entre différentes zones du cerveau, permettant ainsi d’étudier notre fonctionnement cérébral intrinsèque lorsque nous nous remémorons un souvenir, lorsque nous expérimentons une sensation, lorsque nous éprouvons une émotion. Grace à la technique d’IRM de Tenseur de Diffusion et en utilisant une analyse d’images spécifique appelée Tractographie, j’ai pu étudier l’ultrastructure des fibres de substance blanche du cerveau chez différents sujets sains et patients atteints de dépression, de syndrome de stress post-traumatique, de traumas crâniens, ainsi que sur une petite cohorte de volontaires sains présentant des dons spécifiques pour certains phénomènes « paranormaux ». Grace à une autre technique d’IRM (fonctionnelle), j’ai pu analyser les échanges d’informations entre des zones du cerveau reliées entre elles par ces fibres de substance blanche, et ainsi observer ce qui se passe dans notre cerveau lorsque nous l’utilisons à certaines taches.

Les recherches que j’ai réalisées au cours de ces dix dernières années m’ont ouvert les yeux.

Nous ne sommes pas tous égaux face au traumatisme. Les trauma craniens sont extrêmement fréquents ; par an, en France, on compte plus de 155000 cas de traumatisme crâniens, dont 10% sont d’emblée sévères et 10 % modérés. Pour les traumas crâniens légers (80%), la majorité des patients sort indemne de l’accident mais 20% d’entre eux présentent des symptômes qui peuvent persister après 3 mois, tels que troubles de la mémoire, de la concentration, de l’attention, irritabilité, anxiété, impression d’avoir la tête dans du coton, céphalées, vertiges, etc. C’est ce que l’on appelait auparavant le syndrome subjectif des traumatisés crâniens, rebaptisé syndrome post-commotionnel. La plupart du temps, aucune lésion cérébrale n’est mise en évidence à l’imagerie, que ce soit en scanner ou en IRM conventionnelle (morphologique).

Pourtant les symptômes sont la, et lorsque l’on utilise d’autre moyens d’imagerie plus précis, tels que la tractographie (ou l’IRM fonctionnelle), on met alors en évidence chez quasiment tous les patients des lésions dans les fibres de substance blanche affectant des réseaux neuronaux spécifiques impliques dans l’attention, la gestion des émotions, la mémorisation, et parfois la planification de taches, le langage, la vision, l’audition, etc… Presque tous les patients ont leur système limbique atteint, soit en partie sur une des structures anatomiques constituante (faisceaux cingulaires, fornix, commissure antérieure, Stria Terminalis), soit en totalité, avec des lésions reflétant une atteinte axonale focale ou diffuse, ainsi que certaines lésions de degenerescence wallérienne avec atrophie (plus tardive).

Mais le système limbique peut également être altéré de manière similaire par un traumatisme psychologique chez des patients ayant subi un choc psychologique violent (syndrome de stress post traumatique = PTSD, par exemple), ainsi que nous pouvons le voir sur l'illustration.

Ainsi le choc, qu’il soit physique ou psychologique, semble avoir un tropisme particulier pour le système limbique, et il peut être délicat dans certaines circonstances de différencier l’origine des lésions, soit purement physique, soit purement psychologique, soit mixte.

Dans tous les cas, objectiver les lésions, pouvoir expliquer pourquoi les patients présentent de tels symptômes, et pouvoir leur proposer des moyens thérapeutiques adaptés ; auprès de professionnels aguerris (psychothérapeutes, psychiatres, réducteurs, orthophonistes, orthoptistes, etc…) apparait indispensable.

Les phénomènes de visions, prémonitions, télépathie et autres peuvent-ils également être reliés aux intuitions ? Sont-ils le fait de communications avec d’autres « sphères », ou de simples hallucinations créées par notre cerveau en réponse à un stress spécifique ? Ou sont-ils la résultante d’un conjonction de facteurs si intriqués les uns dans les autres qu’il est pratiquement impossible d’en identifier la source réelle ? De plus, sommes-nous tous égaux face à ces phénomènes ? Pouvons-nous tous les expérimenter, les développer, les vivres avec la même intensité et la même pertinence ? Probablement pas puisqu’il existe une infinie variabilité dans l’espèce humaine. J’ai eu la chance au cours de ces dix dernières années de pouvoir imager le cerveau de volontaires enthousiastes dotés de dons particuliers : prémonitions, télépathie, clairaudience, clairvoyance, flash, etc…

Chez la plupart de ces volontaires, ces dons se manifestaient soit spontanément, soit après une période plus ou moins longue de concentration ou de méditation, et étaient invariablement accompagnés de phénomènes désagréables voire douloureux : angoisse et peur panique, manifestations physiques (éruptions cutanées, paresthésies, parésies, douleurs diffuses, nausées, vertiges, céphalées, sudation), … ou borderline (glossolalie, etc…). Les manifestations étaient des flash lumineux, des odeurs perçues, des visions de scènes « comme au cinéma », des sensations de toucher ou de « présence » invisible. Dans leur vie de tous les jours, ces sujets se plaignaient tous sauf un de troubles de l’humeur (irritabilité, anxiété, humeur fluctuante), et anticipaient et ressentaient la manifestation de leur « dons » avec parfois une certaine appréhension. Les manifestations chez ces sujets étaient particulièrement fortes et avaient un ressenti désagréable avant (appréhension), pendant (sensation d’être submergé par elles) et après l’événement (manifestations physiques ou psychiques, instabilité émotionnelle). Je me suis interrogé sur l’origine de ces manifestations : crise d’épilepsie, hallucinations visuelles, olfactives ou somesthesiques, psychose, lésion organique, ou autre pathologie neurologique ou psychiatrique.

A l’imagerie conventionnelle par IRM, aucune lésion n’a été mise en évidence : pas de foyer épileptogène, pas de tumeur, pas de séquelle d’AVC, pas de lésion de la substance blanche, pas d’anomalie de la gyration. Une analyse quantitative des volumes de substance blanche et de substance grise a été réalisée, ne montrant pas non plus de zones d’atrophie ni d’hypertrophie de régions cérébrales particulières. Ce n’est qu’à l’analyse tractographique qu’ont été mises en évidences deux types de variantes dans les faisceaux de fibres de substance blanche lorsque les résultats obtenus chez ces sujets « doués » étaient comparés à ceux observés chez des sujets exempts de manifestations :

- chez tous les sujets, présence en plus ou moins grande quantité de fibres surnuméraires, situées à différents endroits du cerveau, notamment sur le système limbique, mais également au niveau des réseaux du langage (faisceaux arqués) et de la gestion des comportements complexes (faisceaux uncinés). Plus le nombre de fibres était élevé, plus les manifestations étaient intenses et plus les sensations post-manifestations désagréables et/ou douloureuses. Par commodité, j’ai appelé ces fibres « en plus » le réseau surnuméraire de l’intuition.

- chez tous les sujets sauf un, une atrophie des fibres de substance blanche située au niveau du cingulum antérieur et de la commissure antérieure. Ces sujets présentaient de nets troubles de l’humeur : instabilité émotionnelle, irritabilité, anxiété, dépression.

Ainsi il semble exister une corrélation entre troubles de l’humeur et défect de fibres en regard du cingulum antérieur d’une part, et intensité du vécu de la manifestation des « dons » et quantité de fibres du réseau surnuméraire de l’intuition d’autre part.

Nous avons tous à un moment ou à un autre de notre vie expérimenté de tels phénomènes : sensation de déjà vu, prémonitions, phénomènes télépathiques, etc… Pour la plupart, ces phénomènes peuvent s’expliquer par un asynchronisme dans la perception (vision, audition) interprété par notre cerveau comme étant une prémonition (il existe en fait un décalage entre la perception de l’information inconsciente et la prise de conscience de cette information comme dans le déjà vu par exemple), ou des hallucinations créées de toute pièce par notre cerveau en réaction à un phénomène stressant, ou la mise en jeu de neurones miroirs dans les phénomènes télépathiques (en se mettant à la place de l’autre, en pense comme lui et on peut donc anticiper ses réactions et ses pensées). Mais nous n’avons pas tous un réseau surnuméraire de l’intuition, qui étant une voie de conduction parallèle de l’information dans la sphère de l’inconscient, accélère et amplifie les processus. Alors comment expliquer certains phénomènes paranormaux, notamment lorsqu’ils surviennent chez des personnes présentant ces réseaux surnuméraires ? Télépathie, prémonitions, clairaudience, clairvoyance sont-ils le fait chez ces sujets dotés de dons de phénomènes d’amplification de l’information extérieure (ils peuvent mieux détecter des détails imperceptibles du monde qui les entoure de manière inconsciente) et d’une capacité accrue à ce que l’information inconsciente devienne consciente ? Ou ces réseaux agissent-ils comme des « antennes » permettant de capter des informations du « monde invisible », des « autres sphères du réel » ? Je n’ai évidemment pas la réponse à la question, mais ce qui est certain, c’est que pour ces personnes ayant ces réseaux, il est plus facile et plus rapide d’accéder à des informations non conscientes et de les analyser « à la vitesse de la pensée » . Nous pouvons tous à force de travail et d’entrainement développer nos capacités de perception de l’information non consciente, de « télépathie » grace à nos neurones miroirs, mais nous ne pourrons jamais rivaliser quant à ces capacités avec les personnes dotées de naissance de ces faisceaux surnuméraires, ce d’autant qu’il semble exister une certaine tendance à l’hérédité avec saut générationnel ainsi que j’ai pu le constater dans une fratrie, ou ce réseau était présent chez les enfants et les grands parents, mais pas chez les parents. La encore, nous ne sommes donc pas tous égaux, et certains sont de naissance bien mieux dotés que d’autres, notamment dans le domaine de l’intuition et des capacités de traitement des informations, et malgré tous les efforts possibles, si nous sommes dépourvus de ces réseaux, nous ne pourrons jamais expérimenter avec la meme intensité ni la meme pertinence la puissance de ces manifestations.

Alors quel est le lien entre système limbique, traumatisme et intuition ? Certains sujets ayant eu un traumatisme crânien développent de nouvelles capacités, et en perdent d’autres. Chez les sujets présentant des manifestions de leurs « dons », on retrouve toujours un traumatisme psychologique précédent l’apparition de ces manifestations. Une hypothèse serait que le traumatisme en détruisant ou désactivant même de manière partielle certains réseaux neuronaux, a permis à d’autres réseaux de se développer, ou de s’activer, se traduisant par l’apparition de nouvelles capacités cérébrales qui pouvaient être latentes ou non. Toujours est-il que le traumatisme qu’il soit psychique ou physique a un impact sur notre cerveau, et donc sur notre être, dès lors qu’il atteint notre système limbique, avec un ressenti douloureux et des difficultés dans la gestion des émotions pour la plupart des sujets ; qu'ils aient subi des traumatismes physiques, ou de violents chocs psychologiques, le traumatisme est une épreuve avec de grands bouleversements intrinsèques qu’il est extrêmement difficile de supporter et de surmonter sans aide extérieure.

Pour une petite partie de ces sujets, ce traumatisme agit comme un catalyseur, avec apparition de nouvelles capacités cérébrales (s’il préexiste un ou plusieurs réseaux de fibres surnuméraires), la plupart du temps avec perturbation de la gestion émotionnelle, se manifestant par une atteinte élective du cingulum antérieur. Chez de rares sujets (sujet d’exception de ma mini-étude), même s’il n’y a pas de lésions cingulaires, la manifestation de dons s’accompagne de tout un cortège de symptômes et d’une grande difficulté à vivre ces manifestations, si perturbantes au plan émotionnel.

Le cerveau est étonnant, et le système limbique, notre Temple Intérieur, est ainsi la structure de notre Etre profond, de notre Moi intrinsèque. Il est notre super ordinateur capable de percevoir des informations imperceptibles, de les traiter à la vitesse de la lumière, et pour certains, de restituer les résultats de ces analyses consciemment, accroissant ainsi la pertinence des perceptions de notre environnement. Il peut également, si nous n’y prenons garde, nous leurrer, projetant dans notre conscience nos phantasmes et nos peurs, en faisant passer ces «hallucinations» pour des phénomènes réels.

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