Princesse d’Egypte

Je vous propose de partager un de mes rêves, un rêve éveillé, l’histoire de Nebou (« la Dorée »), princesse d’Egypte pharaonique, illustré par des images et de courtes animations générées en utilisant NightCafé et RunwayML.

« Il était une fois, en un temps ancien et reculé au sein du royaume d’Egypte Pharaonique, une jeune princesse d’une sublime beauté et fort intelligente prénommée Nebou. Dès son plus jeune age, Nébou avait fait montre d’une farouche indépendance et d’une liberté d’esprit qui ne seyait pas à ceux de son rang, et avait maintes fois été réprimandée pour ses actes de rebellions et ses désobéissances. Mais Nebou n’en avait cure, et se délectait d’échapper aux leçons forcées et aux remontrances que ses précepteurs lui infligeaient et n’avait de cesse que de tenter de s’enfuir dès que ceux-ci avaient le dos tourné. Nebou rêvait les yeux ouverts dès qu’elle le pouvait. Elle rêvait de s’échapper de ce monde coercitif qui l’entravait. Recluse qu’elle était au sein de la cour royale, elle ne pouvait que s’inventer des mondes imaginaires peuplés de héros légendaires avec lesquels elle parcourait le monde, visitant les terres glacées des lointaines iles boréales et chevauchant les vastes plaines luxuriantes du continent austral. Les années passèrent ainsi, la rigueur et la froideur de son environnement éducatif étant tempérées par l’insouciance de ses rêves et de ses espiègleries d’enfant. Lorsque Nebou atteignit sa majorité, son père, Pharaon, la convoqua en salle du Trone pour lui rappeler les prérogatives et les devoirs de sa condition de princesse d’Egypte. 

Pharaon était un personnage austère, craint de son peuple, de ses subordonnés et des membres de sa propre famille. Particulièrement fier de son haut lignage millénaire, il mettait un point d’honneur à honorer les dieux et la mémoire des grands ancêtres venus d’ailleurs. Il plaçait au-dessus de toute autre valeur la loyauté à sa caste et ne supportait aucune rébellion ni contradiction surtout venant des siens. Il avait, depuis toujours, eu fort à faire avec sa fille la princesse Nebou « la rebelle » telle qu’il la nommait, pour lui faire ne serait-ce qu’accepter de participer aux cérémonies rituelles et cultuelles. Pharaon avait de grandes ambitions, de vastes projets d’extension de son royaume et de contrôle de son espace géopolitique et Nebou devait y contribuer en épousant le prince Shapur du royaume perse voisin, grand rival séculier du royaume d’Égypte. Afin de sceller cette alliance, il avait œuvré depuis des années avec ses diplomates pour que sa propre fille trouve grâce aux yeux des actuels souverains perses et devienne la future reine de ce royaume. De ce mariage devrait découler une grande ère de paix et de prospérité pour les deux peuples. Mais cela n’avait pas été chose facile tant le prince Shapur avait de prétendantes toutes plus belles, plus nobles et mieux dotées les unes que les autres. Pharaon avait depuis peu réussi à attirer en son palais le prince perse afin de tenter de le convaincre d’épouser sa fille. Aussi avait-il officiellement convoqué Nebou en son lieu d’exercice du pouvoir, de la manière la plus solennelle qui soit, pour lui intimer l’ordre de faire connaissance et de charmer le jeune prince perse en vue de leurs proches épousailles des la prochaine lunaison. 

Nebou était outrée par l’injonction de son père et lui avait signifié son refus catégorique d’obtempérer. Courroucé par l’attitude de sa fille, Pharaon l’avait condamnée à la reclusion forcée en ses propres quartiers, ce jusqu’à ce qu’elle change d’avis. Après une semaine passée à ressasser sa rancoeur et sa colère à l’égard de son père et des écrasantes us des institutions du royaume d’Égypte, Nebou décida que le temps était venu pour elle de s’enfuir, de quitter à tout jamais ce pays et ses coutumes coercitives qui lui ôtaient tout espoir de liberté. En son fort intérieur germa l’idée d’un plan d’évasion qu’elle mit une autre semaine à préparer, avec l’aide de ses fidèles servantes, complices de toujours et spectatrices de ses vicissitudes. Mais pour pouvoir quitter le pays, Nebou devait d’abord retrouver sa liberté au sein du palais. Elle envoya donc un messager à Pharaon afin de lui stipuler qu’elle consentait désormais à accepter d’épouser le prince Shapur. Pharaon exultait ! Enfin ses plans et stratagèmes allaient pouvoir être mis en œuvre dès que le mariage aurait été célébré. Il avait eu toutes les peines du monde à persuader le prince de rester au palais alors que sa promise était indisponible, devant prétexter de multiples indispositions et de lointaines visites protocolaires aux frontières du pays. Et Shapur n’avait pas saisi son subterfuge ! Qu’il semblait donc aisé pour Pharaon de duper ce jeune prince ! Dès le lendemain les deux promis se retrouvèrent dans la cour intérieure du palais afin de prononcer leurs vœux solennels. C’est à cette occasion que Nebou usa de ruse et d’art magique, art dans lequel elle excellait depuis sa plus tendre enfance. Alors que le prince s’apprêtait à prononcer ses vœux, un voile de poussière et de ténèbres se leva dans la cour intérieure et vint assombrit le ciel. À la faveur de l’obscurité, Nebou profita de la stupeur générale pour s’enfuir hors de la cour royale, non sans oublier de subtiliser et d’emporter avec elle le coffre empli de pierres précieuses et d’or que Pharaon avait offert au prince perse en gage de dot pour sa fille. 

Lorsque la poussière se dissipa et que la lumière revint, Pharaon et le prince Shapur constatèrent la disparition de Nebou et du coffre de dot. Pharaon était furieux. Il avait compris que le soudain revirement de sa fille n’était qu’un stratagème afin d’échapper aux obligations inhérentes à son rang. Comment allait-il se sortir de cette situation ? Lui qui avait tant œuvré, qui avait depuis si longtemps tant désiré s’accaparer les trésors et les richesses de cette splendide et noble nation en la transformant en simple province soumise à son autorité royale, voyait à présent tous ses espoirs irrémédiablement annihilés. Et il devait s’attendre à de terribles représailles de la part du royaume perse. En effet, le prince Shapur, meurtri dans son orgueil, décida de se venger de cette odieuse humiliation. Shapur était l’héritier d’une dynastie de monarques aguerris aux mystères ancestraux et qui disposaient d’artefacts de pouvoir issus des anciens temps. Ces légendaires objets étaient en réalité de terribles instruments de destruction capables d’annihiler une cité entière en une fraction de temps. Le plus puissant d’entre eux était le sceptre royal duquel Shapur ne se séparait jamais. Afin d’utiliser leurs pouvoirs colossaux, chaque souverain perse avait reçu un enseignement spécifique concernant le maniement de ces artéfacts. Mais Shapur, paresseux et superficiel, n’avait alors pas jugé utile de prêter attention aux instructions prodiguées par ses prêtres précepteurs et ne savait que vaguement se servir des pouvoirs du sceptre. Il décida néanmoins de l’utiliser pour raser le palais de pharaon et sa cité royale afin d’accomplir sa vengeance. Alors qu’il en initiait le pouvoir destructeur, il omit dans son maniement un détail fondamental et tandis que des éclairs commençaient de s’abattte tout autour de lui, il fut bientôt foudroyé par l’un d’entre eux et se transfoma en statue de roche d’un noir profond. Pharaon observa ces événements avec un ineffable effroi. De même que les émissaires perses accompagnant le prince qui aussitôt prirent la fuite et regagnerent leur contrée à vive allure. Une guerre apocalyptique allait bientôt s’initier entre les deux royaumes. 

Nebou avait fui son pays. Elle ignorait ce qu’il était advenu de son promis, et n’en avait cure ! Accompagnée de ses fidèles servantes, elle était arrivée aux frontières du royaume d’Égypte, puis avait traversé les déserts arides, les plaines fertiles du royaume perse en pleine préparation aux combats à venir, les immenses étendues montagneuses, marécageuses et tropicales des contrées orientales, jusqu’à arriver aux côtes extrêmes-orientales à partir desquelles elle embarquerait pour le continent de Mu, qu’elle avait depuis toujours rêvé de visiter. Une année entière venait de s’écouler depuis son départ. Ce fut une année de rudes épreuves au cours de laquelle, devant voyager en dissimulant son identité, ses servantes l’avaient à plusieurs reprises sauvée de situations périlleuses, et y avait ainsi perdu la vie. Des malandrins l’avaient dépouillée de ses richesses, et arrivant au port, Nébou ne disposait plus que du strict nécessaire pour assurer sa traversée. Elle embarqua donc simplement vêtue, sa longue robe de lin d’un bleu azur dissimulant mal son pectoral royal orné de saphirs, de rubis, et de lapis lazulis. La mer fut houleuse, la traversée délicate, et à plusieurs reprises Nebou crut que sa dernière heure était venue. Les quelques semaines passées à bord du navire lui permirent de faire la connaissance de Zao, un superbe jeune homme brun aux yeux perçants semblant de haut lignage, qui la charma dès le premier regard. Ils devinrent vite inséparables et débarquèrent ensemble sur le continent. Mu était majestueux. Tout y paraissait harmonieux et l’on y ressentait l’opulence, la paix, et l’ordre imprégner chaque région du pays. De gigantesques statues ornaient les faits de temples grandioses qui entouraient le palais impérial édifié au centre d’une vaste étendue lacustre. De magnifiques cascades jaillissaient des montagnes enneigées environnantes et se déversaient dans la lagune sur laquelle voguaient au gré du vent de fiers vaisseaux. Saisie par ce sublime panorama, Nebou sut immédiatement qu’elle s’établirait ici, et qu’elle y fonderait son foyer avec Zao. Il ne lui restait maintenant plus qu’à définitivement conquérir le coeur de ce dernier … 

Zao avait, pendant la traversée, immédiatement repéré le pectoral royal de Nebou, et avait ainsi reconnu sa noble identité. La curiosité l’avait poussé à faire sa connaissance, et le temps passant, quand bien même charmé par sa sublime beauté, il s’était amusé de l’ingénuité de cette dernière. Zao était le prince consort du continent de Mu, coutumier des hommages et de la soumission de ses subordonnés. Pourvu d’un charisme, d’un sens de l’humour et d’un esprit ravageurs, il multipliait les conquêtes amoureuses au sein de la caste impériale et des communs. N’ayant aucun scrupule, constamment insatisfait et étant pourvu d’un appétit sexuel insatiable, il était en quête de plaisirs toujours plus insolites. Habile manipulateur, il parvenait sans difficulté à conquérir ses proies, à les exploiter, à les humilier et à les abandonner à leur triste sort. Nebou ne fit pas exception à la règle. Il usa et abusa d’elle, lui promit monts et merveilles. Il lui fit croire qu’elle serait la prochaine impératrice du continent dès qu’il accèderait au trône, et au bout de quelques temps, la délaissa pour une autre.  Puis il revint, la porta aux nues, la dénigra, et l’abandonna une fois encore. Et encore, et encore … Nebou passa par tous les états émotionnels, allant de l’euphorie exacerbée à la dépression maladive, son coeur oscillant constamment entre ces deux états au gré de ce que lui faisait subir Zao. Elle ne comprenait pas le comportement du prince. Elle doutait d’elle et se dévalorisait à chaque fois un peu plus. Elle avait même envisagé de mettre fin à ses jours tant ses souffrance lui semblaient insurmontables. Lorsqu’elle saisit enfin toute l’étendue de la perversion de Zao, elle décida de mettre un terme définitif à ses agissements, et à la faveur d’une dernière rencontre, empoisonna la coupe de vin qu’elle porta elle même aux lèvres de son amant. Zao décéda sur le champ, et Nebou se délecta de chaque instant de son agonie. Mais il s’agissait d’un crime de lèse-majesté et Nebou devait s’enfuir au plus vite, quitter le continent si elle ne voulait pas être condamnée à mort. Une fois encore elle rassembla ses effets et mit le cap au nord, à l’extrême Nord.

Afin de regagner le grand continent, Nebou dut effectuer la traversée cachée dans la soute d’un navire marchand, sa tête ayant été mise à prix après le meurtre du prince Zao, et le voyage de retour lui fut particulierement pénible. Débarquant au port, elle y trouva une cohorte de natifs d’Hyperborée et se joignit à eux. Une autre année s’écoula avant que de n’arriver à destination à l’extrème nord du monde connu. Au cours de cette année, afin d’assurer sa subsistance, Nebou dut endosser plusieurs roles allant de cuisinière à danseuse, en passant par fille de joie pour ces colosses blonds aux yeux bleus dont les rustres manières n’avaient rien de raffiné. D’une brutalité extrême, Nébou fut souvent molestée et souillée. Elle en garda une haine infinie à leur encontre. Vers la fin du voyage, ayant usé de ses charmes et convaincu un des guerriers de la protéger, elle parvint à s’assurer une toute relative tranquillité. Restait à trouver les moyens d’effectuer la dernière traversée vers l’ile de Thulé, sa destination finale, et elle dut dérober avant de s’enfuir une bonne partie du butin des hyperboreens pour payer son passage. Enfin arriva-t-elle sur l’ile. Thulé était un paysage glacial, désolé, battu en brèche par des vents violents et une mer hostile dont les vagues se fracassaient sur les rochers du littoral, et dont l’écume blanche alourdissait le ciel telles de funestes augures. Elle devait désormais trouver un toit où s’abriter. C’est alors qu’elle fit la connaissance d’Astur, un érudit d’age mur, qui la prit en considération et l’invita à demeurer chez lui. Mais Astur était un personnage perverse qui adorait infliger souffrances à autrui, et il prit un malin plaisir à tourmenter Nebou de la plus vicieuse des manières. Lorsqu’Astur, lassé de ses outrages, la délaissait, Nebou avait ainsi toute latitude pour dévorer la multitude d’ouvrages que ce dernier possédait et put grandement accroître son savoir. Au bout de quelques années, Nebou, ne supportant plus les jeux pervers d’Astur, mit en place un stratagème pour échapper définitivement à son tortionnaire.

Nebou avait radicalement changé depuis son départ d’Égypte. Elle avait été soumise aux vilainies et perversions des hommes ; son corps et son âme souillés et son cœur désormais de glace criaient vengeance. Le subterfuge qu’elle avait imaginé pour se débarrasser d’Astur, être vile mais rusé et qui parvenait toujours à déjouer les mauvais tours que Nebou tentait de lui infliger, consistait à séduire le premier crédule venu et à le persuader, en jouant sur l’affect et la compassion qu’il éprouverait pour elle, de mettre fin à l’existence d’Astur, son affreux tortionnaire. Elle trouva un guerrier à la force redoutable et peu scrupuleux pour effectuer cette basse besogne, qu’elle rendit fou amoureux d’elle, et aussitôt libérée, à la faveur d’une dénonciation aux autorités locales qui l’occirent derechef, se débarrassa de lui. Nebou était maintenant libre de ses mouvements, et ayant dérobé une bonne partie des possessions d’Astur, pouvait vaquer ailleurs à d’autres occupations. Elle fit construire une Tour à la cime d’une colline sacrée de l’ile et s’y installa pour y preparer les instruments de domination dont elle souhaitait disposer afin de reconquérir sa place au sein du royaume d’Egypte. Nébou, après avoir voyagé et visité les territoires étranges dont elle rêvait étant enfant, après avoir tant souffert et après s’être avilie de par tout ce qu’elle avait subi, était parvenue à la conclusion que sa reelle place était sur le trône qu’occupait Pharaon son père. Et que s’il le fallait, elle serait prête à l’occire pour conquérir le pouvoir. De frèle mais impétueuse princesse, Nebou était désormais devenue une terrible guerriere, sans coeur et sans scrupule, une guerrier de glace, à l’image de son ile d’adoption, Thulé. Elle mit donc au point un charme qui lui assurerait la compassion de ceux qu’elle rencontrerait, et forgea une lame avec le sang de Thulé, un ancien artefact de puissance capable de déchainer les foudres du ciel sur ses adversaires. Lorsque ces instruments furent prêts, elle rassembla ses effets et prépara une nouvelle et dernière expédition vers le royaume de Pharaon, le retour à ses origines.

Dix ans s’étaient écoulés depuis que Nebou avait fui son royaume. Dix longues années au cours desquelles elle avait vécu dans l’extase et dans l’horreur, avait partagé la gloire et le déclin des hommes qu’elle avait connus. De retour en Égypte, elle y trouva un pays ravagé par la guerre, les massacres et les pillages. Les perses avaient à l’issue de la mort de leur prince déchaîné leur courroux sur le peuple égyptien et avait débouté et assassiné son père Pharaon pour placer un membre de la famille royale perse au pouvoir. L’Égypte était maintenant province perse, et non le contraire. Ce qu’avait tant convoité Pharaon s’était finalement complètement retourné contre lui. Nebou ne put que constater cette déchéance, et comprit qu’elle ne pourrait plus jamais accéder au trône. Ses instruments de pouvoir façonnés à Thulé ne lui étaient plus d’aucune utilité et il ne lui restait rien de son glorieux passé à la cour royale. Se rememorant alors sur sa vie passée à fuir, combattre, voler, séduire et assassiner ceux qu’elle avait côtoyés, un grand vide lui emplit le cœur et elle éprouva d’infinis remords et le sentiment d’un immense gâchis. Une ultime fois elle plia bagage, dit adieu à son pays et à ses glorieux ancêtres, et prit le chemin d’un exil solitaire qu’elle ne connaissait que trop bien. À la croisée des chemins, elle fit volte face et décida que le temps était désormais venu pour elle de … »

À vous d’inventer la suite ! Faites de beaux rêves 😀

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