Voyageur 2

Voyageur – Les Etoiles de l’Eternité – Chapitre 2 – L’Espace entre les Mondes

Chapitre 2 : L’Espace entre les Mondes

Des lignes de lumière éblouissantes parcouraient l’espace parallèle en une spirale sans fin, pour finir par se focaliser sur une mégastructure torique à travers laquelle j’entrevis la destination finale de mon hallucinante traversée.

J’avais depuis peu réintégré mes esprits, et les illusions visuelles de mon corps déformé à travers le portail venaient de s’estomper. Je pouvais clairement distinguer désormais une planète rocheuse me faisant face, et qui me semblait à cet instant précis particulièrement inhospitalière.

D’immenses galaxies spirales, des nébuleuses et quelques planètes solitaires complétaient ce panorama exceptionnel.

Quelle traversée cosmique ! J’étais passé d’un d’état de sous-être dans un monde hautement connecté et contrôlé par une Intelligence Artificielle centrale à celui d’explorateur spatial errant dans la solitude glacée d’un vide sidéral ahurissant !

Ma traversée de l’espace-temps ne devait pas s’arrêter là il me semble. En effet, approchant de la mégastructure, j’entrevis d’immense vaisseaux spatiaux stationnés et orbitant à proximité, vers lesquels ma combinaison spatiale me projetait à une vitesse progressivement décroissante.

De vifs tourbillons de lumières semblaient se plier autour de vaisseaux déformant l’espace-temps pour se propulser à une vitesse supra-luminique, et je compris alors que ma traversée cosmique devait s’achever à bord d’un de ces navires.

Effectivement alors que j’approchai d’un spatio-port à la multitude de caissons transparents émettant une pale lumière bleutée, ma folle course se figea dans une de ces Docking-Station pour combinaison spatiale.

Des milliers d’autres voyageurs de l’espace étaient à mes côtés. Après un temps certain, que je n’étais pas alors en mesure de quantifier, et tandis que d’autres combinaisons regagnaient leurs caissons, les lumières des étoiles changèrent soudain de forme et de couleur, l’espace et le temps se plièrent en un tunnel bleuté et rougeoyant, et notre voyage à travers l’univers débuta.

Cap sur un nouveau monde inconnu ! 

Une nouvelle fois je perdis connaissance …

Des éons semblèrent s’être passés depuis notre départ du portail galactique. Alors que je m’éveillai peu à peu, le caisson qui m’abritait s’ouvrit et ma combinaison se détacha pour me propulser à travers l’espace vers une nouvelle planète.

La traversée atmosphérique fut singulièrement éprouvante. Ce monde de roche, de glace et de gaz carbonique était cependant d’une beauté époustouflante.

Je décèlerai, et atterri bientôt au sein d’une vallée entre les montagnes enneigées. Un ciel d’un noir profond, tacheté d’étoiles scintillantes, hébergeait ce qui semblait être une lune bleutée dont la lumière éclairait faiblement le paysage environnant, tandis que les énormes structures rocheuses rugissaient dans le silence absolu d’éclairs de feu et de lumière.

Je retrouvai d’autres compagnons de voyage sur le chemin rocailleux que j’entrepris, et nous parcourûmes de vastes étendues glacées avant que de n’arriver à la première structure organisée : la ville de Kandath.

Cette planète était, à n’en point douter, particulièrement hostile pour nos formes de vie, mais très développée.

Kandath était splendide. Des structures mégalithiques ressemblant à de gigantesques gratte-ciel, des spatio-ports avec de nombreux vaisseaux atterrissant ou décollant en une danse enivrante tout autour de nous, un sol de glace reflétant les pales lumières du ciel, telle était la première vision de cette cité que nous eûmes.

Mais cette cité semblait également avoir subi les affres de la destruction. Beaucoup de structures en ruines sur Kandath. Çà et là des flammes de plasma consumaient les monuments, le sol était jonché de roches et de débris, et l’on se sentait clairement en danger si l’on devait s’aventurer à rester trop longtemps dans ce monde inhospitalier.

Je compris dès mon arrivée que cette cité ne serait pas ma destination ultime, mais une étape dans mon voyage à travers l’espace et le temps.

Alors que nous progressions au sein de la ville, nous rencontrâmes plusieurs formes de vie à l’apparence très différente de la nôtre ; monstrueuses, gigantesques et surtout très agressives envers nous.

Tandis que ces créatures s’approchaient de nous, nous hâtâmes le pas et nous mimes à courir pour échapper à un destin funeste.

C’est ainsi que je perdis mes compagnons de route, et que mon errance au sein de cette cité hostile débuta.

Au hasard, je déambulai entre les constructions et les routes glacées, tenant de me repérer, cherchant à me rapprocher d’un spatio-port sans me faire remarquer.

Alors que je m’apprêtais à pénétrer dans le spatio-port, je vis une autre forme de vie, quelque peu différente de la première, en train de s’affairer, préparant des vaisseaux pour le grand saut à travers l’espace.

Plus humanoïdes, semblant moins agressifs, vêtus d’une combinaison spatiale différente de la mienne, ils m’apparaissaient comme les maitres de la planète, tandis que les créatures monstrueuses qui avaient provoqué notre dispersion devaient, à n’en point douter, en être les gardiens.

Un d’entre eux me remarqua. Sa vision me figea. J’aurais dû me mettre à courir pour m’échapper, mais je n’en fus pas capable, j’étais paralysé par la peur.

Il vint à ma rencontre et ne se montra pas hostile.  Alors qu’il s’approchait de moi, je remarquai sa curieuse anatomie. Les lumières du ciel et des étoiles se reflétaient sur la visière du casque de sa combinaison, tandis que le ballet des vaisseaux décollant vers les étoiles colorait le ciel d’un feu orangé.

Il se mit à me transmettre des informations. Sans prononcer aucun mot, il me fit mentalement comprendre que je ne pouvais rester ici, et que je devais poursuivre mon voyage. Il me guida vers l’entrée d’un bâtiment s’enfonçant profondément sous la surface gelée de la planète et m’enjoignis de m’y engager.

Je n’eus d’autre choix que de m’exécuter.

Alors que je déambulais dans des corridors sombres, je remarquai au loin une étrange lueur tout à la fois bleutée et orangée.

Je hâtais le pas et entrai dans une salle aux dimensions cyclopéenne, dont les murs étaient ornés d’une multitude de fresques.

Poussé par la curiosité, je me mis à vouloir déchiffrer une de ces fresques.

On y voyait d’étranges créatures traversant l’espace pour s’installer sur une planète faite de roche et d’eau afin d’en extraire les minerais, tandis que d’autres remodelaient le paysage planétaire par terraformation pour le rendre propice à une colonisation, alors que d’autres encore créaient des formes de vies différentes, instruments d’accomplissement de leurs œuvres.

L’aspect de ces formes de vies créées me stupéfia. Ils étaient à mon image, à n’en point douter !

Alors que je me retournai pour contempler les milliers d’autres fresques qu’il me restait à déchiffrer, je remarquai derrière moi une lueur qui se rapprochait à vive allure.

C’était le mur de la salle qui se refermait sur moi, et mon espace vital s’amenuisait dangereusement.

Je me mis à courir vers la lumière bleu-orange me faisant face, et échappai de peu à l’écrasement.

Je pénétrai dans une vaste salle dont la lumière colorée de bleu profond et d’éclairs laissait entrevoir deux structures toriques perpendiculaires : un puit de plasma coiffé d’un arceau ressemblant à un portail.

M’approchant du puit, je vis d’intenses lumières virevolter en arc-de-cercle, et une projection holographique me fit bientôt face.

C’était une femme de mon espèce. Elle se tenait la devant moi, semblant m’avoir attendu depuis des lustres.

Elle avait des traits familiers, brune aux yeux d’un bleu azur, ne portait pas de combinaison spatiale mais des vêtements que je n’avais jamais vus auparavant, d’un bleu électrique lumineux.

Je sentis une connexion immédiate avec elle ; j’étais en confiance et ma peur s’estompa.

Je ne sais pas ce qui me prit, mais j’ôtai le casque de ma combinaison spatiale, et alors que réalisant mon erreur funeste je m’apprêtais à succomber au manque d’atmosphère respirable, je m’aperçus que cette pièce dont les murs avaient été scellés par les mouvements de la paroi de la salle précédente abritait désormais une atmosphère compatible avec mes besoins physiologiques. Je pouvais respirer l’air environnant.

L’image de la femme en bleu s’estompa, et sur les parois de la salle une porte s’ouvrit. Derrière cette porte, une vaste garde-robe avec des vêtements sombres et étranges.

Soudain le puit de plasma et l’arceau le surplombant se mirent à tourner à une vitesse rapidement croissante, et le plasma qu’il contenait fut transféré du puit vers l’arceau. Le puit s’enfonça dans le sol tandis qu’un chemin pavé de pierre apparaissait le refermant.

Je compris que le portail vers un autre monde venait de s’activer, et que pour pouvoir l’emprunter, j’allais devoir quitter ma combinaison spatiale, et revêtir une tenue plus appropriée à mon voyage. Je choisis une longue cape noire que je revêtis, et après avoir coiffé mon chef de sa capuche, pris la direction du portail, n’ayant de toute manière plus aucune possibilité retour en arrière.

Alors que je me rapprochais, je vis dans un balai de feu et de lumière les nouveaux mondes vers lesquels je me dirigeai.

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